Dans ce blog vous trouverez des portraits de quelques centaines de plantes et fleurs sauvages du Périgord. Au fil des saisons des nouvelles images seront ajoutées.

Corine Oosterlee est botaniste et photographe plasticienne. Son site corineoosterlee.com.


20 décembre 2018

Capillaire des murailles


Dans une forêt de chênes et hêtres sur une pente où il n'y a que rarement le soleil, haut au-dessus de la Dordogne, il y a quelques falaises. Ici, sur un paroi de roche calcaire, pousse cette petite fougère.



C'est une Capillaire des murailles (Asplenium trichomanes), mais laquelle? En Dordogne il y a trois sous-espèces, et celle ci-dessus est bien atypique.

En général, les Capillaires des murailles poussent, oui, sur des murailles, mais aussi sur des parois rocheux comme ici. Elles ont toutes des frondes avec un rachis, la tige centrale, brun foncé avec deux rangs de pennes, petites feuilles vertes, simples.





Voilà une Capillaire des murailles comme on le voit presque partout, le sous-espèce le plus commun: Asplenium trichomanes subsp. quadrivalens. Elle a des frondes assez longues qui s'atténuent vers le sommet, avec des pennes régulières légèrement dentées.

Le sous-espèce ci-dessous on trouve surtout sur des parois calcaires comme dans les falaises ou à l'entrée des grottes.



La Capillaire des murailles à rachis épais (Asplenium trichomanes subsp.
pachyrachis) est beaucoup plus rare, déjà parce que les parois calcaires, on ne les trouve pas partout, même en Périgord. Elle est plus petite et ses frondes sont vraiment collées contre la surface du rocher. Les pennes se couvrent un peu.

Mais cette plante? Elle la ressemble un peu, mais...






Elle a des pennes longues plutôt espacées et elles sont lobées comme des petites mains. La penne au sommet de la fronde est au moins deux fois plus grande que les autres. Les frondes ne sont pas vraiment collé contre la surface du rocher, elles se détachent plutôt, et elles ont la même largeur sur toute leur longueur. Elle ne ressemble pas trop aux autres Capillaires des murailles de Dordogne, elle ressemble un peu à une sous-espèce qui pousse exclusivement dans les Alpes. Improbable de la trouver ici...

En plus, quand on regarde le dessous d'une fronde fertile, comme au centre de cet image, on voit qu'il n'y a pas beaucoup de sores. Les sores sont les petites structures, ici blanchâtres, où se développent les sporanges, ici des tout petits ronds noir. Est-ce qu'il y a des spores fertiles dans les sporanges? Il faut une microscope pour le savoir.






Est-ce qu'il est possible qu'on a affaire à une hybride? Peut-être. On ne connaît pas encore bien les Capillaires et on ne sait pas exactement comment et en quoi les espèces et sous-espèces se distinguent. Ce sont des petites plantes pas trop voyantes et souvent elles poussent dans des endroits difficilement accessibles. Pas facile pour les botanistes.