Dans ce blog vous trouverez des portraits de quelques centaines de plantes et fleurs sauvages du Périgord. Au fil des saisons des nouvelles images seront ajoutées.

Corine Oosterlee, botaniste et photographe, vous propose également des Balades Botaniques guidées et autres activités autour de la flore sauvage, la végétation et la nature en Périgord. Pour en savoir plus regardez sur baladebotanique.fr.

Son site photographie est corineoosterlee.com.


3 juillet 2022

Cotonnière commune

 

Il n'est pas exceptionnel du tout quand une plante s'adapte à une vie à côté de nous humains. L'agriculture a créé des possibilités pour beaucoup de plantes sauvages. Le travail régulier du sol élimine la compétition des autres plantes pour la place, les nutriments, l'eau et la lumière et ameublit le sol pour que les graines puissent germer et s'enraciner facilement.

La Cotonnière commune (Filago pyramidata) pousse dans les champs de culture et dans les friches ou dans des habitats qui ressemblent à cela. Apparemment elle a une certaine résistance contre les désherbants et fongicides utilisés couramment dans les cultures de céréales parce qu'on la trouve assez souvent. Le champ de blé après récolte sur la photo est en bio, d'ailleurs.


La Cotonnière commune est une plante assez rigide avec à la fin de chaque branche en candelabre une tête ronde avec des petites fleurs jaunes.  Elle a un aspect grisâtre, les tiges et les petites feuilles sont couvert d'un duvet feutré qui les protège contre la sècheresse et peut-être aussi contre les insectes prédateurs.

Comme toutes les plantes de la famille des Asteracées elle a des têtes de fleurs composées. En ce cas, les têtes sont doublement composées. Ce qu'on voit est une boule verte arrondie avec des petites pointes jaunâtres.


Chaque pointe jaunâtre est une tête de 5 mm de long avec quelques fleurs tubulaires entourées par des bractéoles verts avec des poils comme une toile d'araignée ou du feutre. Vingt ou trente de ces têtes forment ensemble une boule avec à la base deux ou trois bractées un peu plus grande que la boule. Et chaque plante peut porter des dizaines de boules. Combien de fleurs fait la Cotonnière commune? Peut-être des centaines, avec aussi des centaines de graines pour garantir sa progéniture.

Par ce fait elle se distingue des 'vrais' messicoles, des plantes totalement adaptée aux moissons, qui ont une cycle de vie en même temps et avec la même durée que les céréales, et qui ne font que peu de graines, souvent de la même taille que les graines de blé.

 

Dans un champ de culture laissé en friche pendant un an on trouve beaucoup de plantes différentes. Parmi les Vulpies (les graminées blondes) on voit entre autre le jaune d'un pied de Millepertuis en fleur mais aussi des belles touffes de Cotonnière commune.


Ici la Cotonnière commune est déjà assèchée même si il y a encore des plantes vertes qui l'entourent. Pourquoi la plante est déjà quasiment morte? Je ne sais pas. Le champ est sec et aride, il est destiné à la plantation de chênes truffiers. Aussi, cette année on a eu des périodes avec beaucoup de pluie et des périodes avec des grandes châleurs, et beaucoup de plantes ont poussé plus vite et plus grandes que d'habitude. Peut-être que la Cotonnière commune a déja fait ses graines et qu'elle a décidé que sa saison est terminé avant l'été. On ne peut pas la poser la question.

 

1 juillet 2022

Doradille noire

Après plus d'un an, je vous propose de nouveau des portraits de plantes du Périgord sur ce blog.

 

Les fougères sont des plantes à spores. Dans leur cycle de vie les spores donnent naisssance à des structures qu'on appelle prothalles. Ces prothalles ne ressemblent pas du tout à la fougère comme nous la connaissons, elles sont des toutes petites et n'ont pas de frondes. Sur ces prothalles les organes sexuelles, elles aussi très petites, se forment et après fécondation la sporophyte, la 'vraie' fougère, la plante que nous reconnaîtrons facilement comme telle, se développe. Quand la fougère a atteint la maturité elle produit les spores et le cycle peut recommencer.

La plupart des fougères a besoin d'humidité au stade des prothalles, si non la fécondation ne peut pas prendre place. Pas de problème dans les régions montagnardes avec les pentes ombragées et beaucoup d'eau qui coule sur les rochers, mais ici en Dordogne où l'eau disparaît vite dans le rocher calcaire poreuse c'est un peu plus compliqué. 

Donc le Périgord n'est pas spécialement riche en fougères. Mais, surtout dans les vallées, on peut trouver des beaux endroits couverts de frondes. Comme ci-dessous, sur un ancien chemin où il y a encore les restes des murets de pierre qui l'ont jadis bordé.

 


 

Nous verrons ici beaucoup de longues 'langues' du Langue de cerf (Asplenium scolopendrium), au centre de l'image en haut du 'mur' les frondes une fois divisées d'un Polypode (Polypodium sp.) et un peu plus à droite des petites frondes plus fines de la Doradille noire (Asplenium adiantum-nigrum).

De celle-là, voilà son portrait au printemps, quand les nouvelles frondes sortent du sol. La Doradille noire a des tiges noires et des frondes qui sont plusieurs fois divisées en fines pinnules.

 


 

Elle pousse dans les forêts des feuillus, surtout les chênaies et charmaies mais aussi dans les bois mixtes avec des châtaigniers, et parfois elle accepte des lieux ensoleillées pendant une partie de la journée. 

 

Il ne la faut pas beaucoup de sol, un trou dans un muret suffit !  Pour pousser, la Doradille noire préfère des endroits pas tout à fait horizontales, même si en général elle ne cherche pas trop la verticalité.


 

Cette fougère élégante et légère ne devient jamais plus grande d'un demi-mètre. 

 

 

Au bord d'un chemin forestier, sous les chênes pubescentes, la Doradille noire a formé une grande colonie.  Au mois de mai quelques frondes de l'an dernier sont encore présentes mais elle jaunissent et vont disparaître bientôt.